DESTINATION CULINAIRE : CAP SUR L’ITALIE à OTTAWA

Luigi Laricchiuta parle avec les mains et le cœur. Son accent comme ses gestes trahissent ses racines italiennes. Son amour de la cuisine, aussi. Pour faire découvrir les délices du pays natal de ses parents, notre hôte nous a donné rendez-vous au restaurant Giovanni's à Ottawa.

C'est italien, authentique, fait valoir le conseiller bancaire, né et élevé à Montréal. Installé à Ottawa depuis un peu plus de quatre ans, il doit à un collègue la découverte de ce restaurant situé dans la Petite Italie.

L’homme y a ses habitudes et dit s’y rendre au moins une fois par mois. Dans la cuisine du Giovanni's, c’est un vrai Italien, qui connaît exactement les recettes des années 1950, 1960. C’est traditionnel. C’est pour ça que j’aime [ce lieu], explique-t-il.

Ses parents et ses grands-parents émigrent au Canada en 1953, après la guerre. Ils étaient très pauvres. Dans le temps, ils pensaient qu'il y avait de l'argent sur les arbres, raconte-t-il.

La bouffe, pour nous, c'était la bouffe des paysans. C’était très simple et pas cher, ajoute Luigi Laricchiuta. Il cite une alimentation riche en pâtes, légumes verts, bettes à cardes, rapinis, fèves blanches au lard, huile d’olive et pain.

On ne faisait pas notre épicerie comme aujourd'hui. On avait tout à la maison, enchaîne-t-il, ajoutant que la famille cuisinait la récolte d’un jardin particulièrement garni. Si garni, en fait, se souvient-il, qu’il était interdit aux enfants d'aller y jouer, mais où ses bâtons de hockey étaient détournés de leur fonction pour servir de tuteurs aux plants de tomates.

L’Italie dans le sang

Dans les années 1980, 1990, quand on était jeunes, il n’y avait pas de garderie. C'est nos grands-parents qui prenaient soin de nous, souligne l’Ottavien d’adoption.

Il se souvient avec émotion des têtes-à-têtes passés avec son grand-père maternel, Vincenzo Gioia, lorsque ses parents sortaient et le confiaient à ses bons soins, le temps d’une soirée.

Il a fait la Seconde Guerre mondiale, puis il est venu ici [au Canada], relate Luigi Laricchiuta. Il se souvient de son grand-père comme d’un homme de peu de mots, qui exprimait sa tendresse par des clins d'œil complices et la préparation de pâtes aglio e olio, à l'huile et à l'ail. Ça prenait 10 à 13 minutes, c'était très simple, souligne le petit-fils.

À défaut de pâtes aglio e olio au menu du Giovanni's, ce dernier opte pour la formule Cacio e pepe : des spaghetti assaisonnés de poivre noir, d'huile et de pecorino. Il commande aussi pour dégustation un filetto alla Don Giovanni, un filet de veau accompagné de champignons, et des plats qui évoquent la Méditerranée.

Tout au long du repas, Luigi Laricchiuta raconte l’Italie. Il explique qu’avant de manger, sa famille, tant du côté maternel que paternel, avait pour habitude de faire un signe de croix et de réciter une courte prière.

Il s’exécute, en italien, et entame une leçon de maniement de la fourchette et de la cuillère, encourageant l’art d'enrouler à la perfection les spaghettis et rappelant que, superstition oblige, couper les pâtes est interdit.

Autre cours d’étiquette : il est de bon ton, au moment de savourer un café sans sucre à la fin du repas, de lever l’auriculaire.

En plus de la cuisine, en passionné de la culture italienne, Luigi Laricchiuta cite tous azimuts le vin rouge, les bocce, un jeu de boules italien, l’opéra et le soccer. Je ne manque pas un match de foot, précise ce fan de l’AS Rome. Et s’il ne peut pas regarder un match en direct, c’est avec soin qu’il évitera de consulter son téléphone, de peur de se faire annoncer le score par un ami.

It’s the best time, quand on est dans un bar italien : on jase, on joue aux cartes et on regarde un match de football, assure-t-il, le petit doigt levé.

Avec les informations de Camille Bourdeau

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